Lorsque le pénible et dantesque épisode de la tentative d’ouverture d’un Master comportementaliste à l’Université d’Amiens (voir ICI pour ceux qui veulent en savoir plus ; c’est vraiment édifiant…) prit fin avec la victoire des obscurantistes, j’adressai à mes « chers collègues » un texte de « rupture » définitive qui fit pas mal de bruit (vous pouvez le lire ICI dans son intégralité). Entre autres choses, j’y disais : Je vais pouvoir enfin me consacrer à mes vies parallèles, dont vous n’avez pas (dieu merci !) la moindre idée, et qui, je vous prie de me croire, sont riches et multiples et m’ont toujours permis de traverser cet écœurant épisode en gardant intact mon équilibre et ma joie de vivre (ne vous en déplaise).
C’est l’un des aspects de ces « vies parallèles » que j’avais envie, maintenant qu’il y a « prescription », de partager avec vous.
Vous avez peut-être entendu parler de ce groupe, dans la pure tradition surréaliste (voire, par certains aspects et en poussant le bouchon un peu loin, situationniste), qui s’est appelé : Le front de Libération des Nains du Jardin (FLNJ) qui sévit particulièrement dans le Nord, où il y a une forte tradition de nains de jardin (peut-être pour compenser celle des géants…).
Et bien, il se trouve que Didier Lejeune, un drôle de libraire de Roubaix (librairie Les Lisières) eut l’idée d’organiser, dans ce contexte, un défilé annuel de nains de jardin, concrètement le 32 mars (qui tombait souvent le 1er avril…). Et, pour l’occasion, mon grand pote ‘pataphysicien, Guy Ciancia, composa les très savoureuses paroles de l’Internationale des nains de jardin que VOICI et dont la Bande à Polo de Wazemmes réalisa les arrangements sur la musique de la vrai Internationale. Pendant le célèbre Carnaval de Wazemmes eut lieu une mémorable « répétition générale » avec la collaboration d’un personnage clownesque que ceux qui m’ont connu à cette époque, où j’avais encore une barbichette, n’auront pas trop de mal à reconnaître (et que ceux qui ne me connaissent que sans barbe pourront découvrir).
Je me suis toujours demandé la tête qu’auraient fait mes « chers collègues », aux yeux desquels j’étais le parfait « chiantifique » psychorigide, limite rat de bibliothèque (et surtout de laboratoire), austère professeur de méthodologie expérimentale et de béhaviorisme radical, sans la moindre fantaisie et à la vie fade et monotone (eux qui ignoraient que j’avais financé mes études sur les planches dans une compagnie professionnelle de théâtre) s’ils m’avaient vu officier dans cet autre registre festif et déconnant. Ou mes étudiants. D’autant que cela se passait à l’époque du combat contre le fameux (et scélérat) CPE (Contrat de Première Embauche) de Villepin, où j’avais joué (pardon par le manque de modestie, mais c’est la vérité) un rôle de leader (membre du comité restreint de direction de la lutte, interviews dans la presse locale, passage aux infos nationales, etc.) qui m’avait même valu des ennuis avec le Président de l’Université de l’époque. Et je me demandais quelle serait la réaction des étudiants avec qui nous occupions en semaine, jour et nuit, la fac à Amiens, s’ils me découvraient, le WE, dans cet aspect parallèle de ma vie.
Mais assez parlé. Voici la vidéo en question : http://youtu.be/ScpH9UmTb9M
Petit appendice. L’année suivante, déjà débarrassé de la barbe, je suis devenu le curé qui bénissait les nains de jardin.
La presse locale s’en fit bien évidemment écho ; mais même Libération y consacra un article enthousiasme où il était également question de ce drôle de curé…
Voici une vidéo amateur du défilé, qui contient le moment où "le curé" chante l'Internationale dans les locaux du Musée de La Piscine. https://leblog2roubaix.com/2008/09/21/406-le-32-mars-2008/
ET en 2016, ça repart de plus belle: Haut les nains!
http://pagesperso-orange.fr/esteve.freixa/haut_les_nains.pdf