Après avoir beaucoup hésité (car, à l’instar de mon célèbre compatriote Jorge Semprún -que j’admire profondément- j’ai une sainte horreur de jouer les « anciens combattants ») je me décide à publier un certain nombre de pièces du dossier concernant la tentative avortée d’ouvrir un Master professionnel comportementaliste à l’Université d’Amiens, afin qu’il en reste une trace. Je suis persuadé qu’un jour (j’espère, pas trop lointain) cette triste et honteuse affaire paraîtra incroyable en plein XXIème siècle et, qui plus est, dans la patrie des Lumières.
Le premier document est le dossier complet que nous avions adressé au Président de l’Université demandant son arbitrage. Il s’est défaussé sur la Faculté, qui s’est défaussée, à son tour, sur le Département ; c’est-à-dire, retour à la case départ. Tout s’est passé comme si, ayant fait appel auprès d’une juridiction supérieure d’une décision que nous considérions injuste, injustifiée et illégitime, on nous ait renvoyés devant la cour de première instance, celle même qui avait tranché en notre défaveur. Les juristes apprécieront l’absurdité de la situation… Ce document comporte la lettre adressée au Président*, l’argumentaire sur lequel reposait la création de cette nouvelle formation et une série d’annexes (lettres de soutient, pétition des étudiants, prises de position des associations de patients, articles de presse, etc.)
Le deuxième document est une lettre ouverte que j’avais adressée aux étudiants qui entraient en Master de psychologie à la rentrée 2005-2006 pour leur exposer ce qui était réellement en train de se passer derrière leur dos, étant donné que la seule réponse qu’ils avaient obtenue de celui qui était à l’époquele responsable du département sur les motifs du refus d’ouverture du Master pour lequel ils avaient pétitionné avait été le laconique (et désormais célèbre) : « cela ne vous concerne pas ». Cette lettre me valut des « gracieusetés » du genre : « si tu étais dans le privé, on t’aurait viré immédiatement ; d’ailleurs, on va demander des sanctions ». (Pincez-moi, je rêve !) Jouer les gros bras, pourquoi pas; mais le faire avec amateurisme, quelle faute de goût !
Le troisième est une autre lettre (intitulée : je m’accuse) adressée aux étudiants un an plus tard, au retour des vacances de Noël, et le dernier est la lettre (intitulée : merci beaucoup) que, pour solde de tout compte, j’ai envoyée à mes « chers collègues ».
J’aimerais, à titre de conclusion, pour qualifier la conduite de mes collègues, citer les propos de François Bazin dans l’Obs de la semaine dernière (concernant, certes, un tout autre sujet, mais qui, à mon avis, conviennent parfaitement à la situation) : « Il y a des erreurs d’analy se qui sont la marque d’une cécité, qui est elle-même le signe d’une paresse intellectuelle. Ce sont des fautes professionnelles. Ce sont les pires ». Et, en guise d’épilogue, rapporter la réflexion de Gianrico Carofiglio, député du Parti Démocrate Italien, qui, devant le recours systématique des députés « berlusconiens » à l’argument : « Nous avons la force du nombre, nous faisons ce que nous voulons. Un point, c’est tout » conclut : « La force du droit a été remplacée par le droit de la force ». On ne saurait mieux dire !
Et, allez! Au diable les varices! Au risque de retourner le couteau dans la plaie, je publie aussi la maquette de cette formation, avec le nom des intervenants et tout et tout. Il ne restait plus qu'à commencer... Alors, je la poste en premier.
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*L’affaire s’étant étalée sur 4 ans (2004-2008), certaines lettres rapportées dans le dossier avaient été adressées au Président de l’époque, Gilles Demailly)
lire la lettre ouverte aux étudiants
lire la lettre "merci beaucoup"